
Identifier les piliers d’une « bonne » santé mentale est essentiel pour améliorer notre bien-être mental et émotionnel.
Dans mon travail de psychiatre et de chercheur, j’ai identifié sept comportements qui contribuent à une santé mentale de qualité : l’activité, les mécanismes de défense, le lien social, la régulation, la cognition spécifique à l’homme, l’acceptation de soi et l’adaptabilité.
Lorsque vous essayez d’améliorer votre santé mentale, il peut être utile de garder à l’esprit ces comportements sains.
Activité
Au cours de notre évolution dans les groupes de chasseurs-cueilleurs, nous devions être actifs pour survivre. Par conséquent, les humains sont faits pour bouger et s’engager mentalement, deux éléments essentiels à notre santé globale. En effet, lorsque nous sommes actifs mentalement et physiquement, nous sommes moins susceptibles d’être isolés et repliés sur nous-mêmes.
En général, les symptômes de la maladie mentale comprennent un comportement de repli sur soi et, dans le cas de la dépression, une activité réduite. Or, les activités physiques et mentales (comme l’exploration de la nature, la socialisation, le sport, la création artistique ou l’écoute de la musique) améliorent cette problématique. Par conséquent, l’activité peut aider les personnes atteintes de maladie mentale à ressentir des émotions positives et à améliorer leur humeur.
Mécanismes de défense
Il est dans la nature humaine de se concentrer sur les circonstances négatives plus que sur les scénarios positifs. Cela s’explique par le fait qu’historiquement, les gens devaient se battre pour des ressources limitées – et nous avons évolué en donnant la priorité aux émotions négatives, comme la tristesse et la peur, pour assurer notre survie.
Lorsque nous utilisons des mécanismes de défense, nous pouvons contrer la négativité et favoriser la positivité. Par exemple, l’humour est un outil puissant, car il peut nous aider à canaliser et à libérer notre énergie négative de manière constructive. D’autres stratégies consistent à donner une « tournure plus positive » aux événements et à se détacher de la négativité par la pleine conscience. Ces méthodes peuvent nous aider à nous défendre contre les sentiments et les circonstances défavorables.
Le lien social
La recherche confirme que les gens ont besoin de contacts sociaux de qualité pour leur santé mentale. En conséquence, la solitude s’avère être un facteur majeur contribuant aux symptômes de la maladie mentale.
Toutes les formes de connexion sont bénéfiques, et pas seulement le contact humain en face à face. Par exemple, les personnes qui se sentent isolées réagissent bien lorsqu’elles trouvent de la compagnie auprès d’animaux de compagnie.
Cependant, le lien social implique des interactions de soutien, et non pas n’importe quelle interaction. Les interactions négatives, comme l’intimidation ou le fait de passer du temps avec un ami ou un membre de la famille qui stigmatise la maladie mentale, peuvent nuire à la santé mentale. Pour donner la priorité à notre santé mentale, nous devons éviter ces expériences et rechercher le lien par des relations positives.
Régulation
La régulation des émotions est la capacité d’exercer un contrôle sur notre propre état émotionnel. Cette compétence est essentielle pour maintenir des émotions, des pensées et un comportement sains. De nombreuses maladies mentales (dont la dépression, l’anxiété, la manie et la psychose) impliquent une « régulation compromise » des émotions et des processus de pensée.
Une régulation réussie des émotions diminue nos émotions négatives (comme la tristesse, la peur et la colère) de sorte que les émotions positives (comme l’excitation) l’emportent sur les négatives. Il est tout aussi important de réguler nos processus de pensée afin de s’assurer que nos pensées sont compatibles avec la réalité.
La prise de conscience de nos émotions et de nos pensées est une première étape essentielle. Cette prise de conscience nous permet ensuite de recadrer nos perceptions et nos pensées négatives et de les remplacer par des pensées positives.
Cognition spécifique à l’homme
La cognition de base, la cognition sociale et les processus motivationnels sont des composantes puissantes – bien que souvent méconnues – d’une bonne santé mentale.
La cognition de base est constituée en grande partie de nos « fonctions exécutives », telles que l’attention, l’organisation, la planification et le fonctionnement multitâche. La cognition sociale comprend notre capacité à interpréter les émotions dans les expressions faciales, à comprendre l’intention des autres et à reconnaître notre propre rôle dans les relations. La motivation prend diverses formes, comme la recherche de connaissances ou l’amélioration de soi, la recherche d’amitiés ou de partenaires romantiques et la satisfaction de besoins fondamentaux tels que la nourriture, l’eau et le logement.
Les discussions sur la santé mentale omettent souvent la cognition spécifique à l’être humain, mais les difficultés de ce type de cognition sont évidentes dans les troubles du spectre autistique, les déficiences intellectuelles, le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité, la schizophrénie, le trouble bipolaire et la dépression. La pratique de nos fonctions exécutives et de la cognition sociale (comme la pratique de la lecture des expressions faciales) peut aider à améliorer ces compétences.
Acceptation de soi
L’acceptation de soi est un pilier de la « bonne » santé mentale. Le fait de ne pas aimer ce que l’on est a longtemps été associé à la maladie mentale. L’acceptation de soi est un processus qui comporte des composantes » évaluatives » et » perspectives « .
L’estime de soi fait référence à l’évaluation de notre valeur positive ou négative. Le concept du soi peut être considéré comme la somme de nos croyances (notre perspective) concernant nos attributs et nos qualités personnels. L’acceptation de soi se produit lorsque nous avons à la fois une bonne estime de soi et un bon concept de soi. En d’autres termes, nous nous percevons de manière positive et comprenons notre propre valeur.
Lorsque l’estime de soi et le concept de soi sont négatifs, les maladies mentales, comme la dépression et l’anxiété, sont plus susceptibles de se développer et de persister. L’adoption de stratégies, telles que la tenue d’un journal de l’estime de soi et l’écriture d’actions positives, combinée à la pratique d’une activité enrichissante, peut contribuer à améliorer l’acceptation de soi.
Adaptabilité
Les circonstances de la vie changent constamment, et notre capacité à adapter notre comportement aux changements imprévus est cruciale pour le maintien de notre santé mentale. En termes simples, la vie exige de la souplesse. Un manque de souplesse entraîne des résultats défavorables qui contribuent à la maladie mentale.
Un comportement malsain et répétitif (comme ne jamais sortir de chez soi) est un facteur clé des problèmes de santé mentale récurrents et persistants. À l’inverse, les symptômes de la maladie mentale limitent souvent notre capacité d’adaptation ; cela se manifeste souvent par l’évitement et le manque de motivation. Cela peut créer un cycle de comportements malsains difficiles à briser.
Briser ce cycle en remplaçant de façon répétée un comportement malsain (ne pas sortir de chez soi) par un comportement adaptable (se forcer à faire une promenade ou à rencontrer un ami) est essentiel au maintien de la santé mentale.
Aussi difficile que cela puisse être, la seule façon de réduire les symptômes de la maladie mentale est parfois de nous pousser à adopter ces comportements sains. En fin de compte, lorsque nous adoptons ces sept comportements, nous faisons de notre mieux pour protéger notre santé mentale et en faire une priorité.
Auteur : Brad Bowins, MD, FRCP(C)
Le Dr Bowins est psychiatre, psychothérapeute, chercheur et fondateur du Centre for Theoretical Research In Psychiatry & Clinical Psychology. Ses travaux visent à faire progresser la compréhension des principaux aspects de la maladie mentale, notamment les mécanismes de défense psychologique, la dépression, la psychose et la schizophrénie, l’hypomanie, les troubles de la personnalité, les comportements inadaptés répétitifs, la régulation psychologique et la véritable nature de la psychopathologie.
Cet article tiré du blogue de la National Alliance on Mental Illness (NAMI) et a été traduit par Jordan Bérubé.
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