
As-tu déjà regardé quelqu’un et remarqué une série de cicatrices sur ses poignets ? As-tu fait la grimace ou porté un jugement sur cette personne sans savoir qui elle est ou ce qu’elle vit ? Il est possible que ce soit le cas. L’automutilation doit pourtant être pris au sérieux.
Parmi les nombreux symptômes des troubles mentaux, l’automutilation est l’un des moins compris et des moins appréciés. C’est aussi l’un des rares symptômes physiquement visibles. C’est pourquoi on y réagit souvent de manière désobligeante et potentiellement dangereuse. Par exemple :
« C’est juste l’angoisse de l’adolescence. »
« Pourquoi quelqu’un s’infligerait-il ça ? »
« Tu essaies juste d’attirer l’attention ».
Ces réactions minimisent grossièrement la gravité de l’automutilation. L’automutilation est généralement le signe qu’une personne est en difficulté émotionnelle et ne sait pas comment s’en sortir. C’est un signe qu’elle a besoin de soutien, de compréhension et d’aide professionnelle. Plus important encore, c’est un signe qui ne doit pas être ignoré ou jugé.
Ta première réaction
Il peut être choquant de remarquer les cicatrices d’automutilation chez une personne. Ton instinct peut te pousser à fixer du regard ou à exprimer immédiatement ton choc. Mais l’automutilation est un sujet sensible qui doit être abordé d’une certaine manière.
Que tu connaisses la personne ou non, il est essentiel de ne pas montrer que tu es choqué ou horrifié, même si c’est ce que tu ressens. Ne dis rien qui puisse lui faire honte ou la faire se sentir jugée ou stupide. Tu ne veux pas attirer l’attention sur ses cicatrices, surtout en public.
Si la personne est un ami proche ou un membre de la famille, n’ignore pas ce que tu as vu. Attends d’être avec elle en privé, puis parle-lui de ce que tu as remarqué.
Avoir une conversation constructive
Le plus important lorsqu’on parle d’automutilation à quelqu’un, c’est de structurer la conversation de façon à ce qu’elle se déroule dans un climat de soutien et d’empathie. Montre que tu te soucies de son bien-être et persiste si la personne ne s’ouvre pas tout de suite. Lorsque tu as une conversation sur l’automutilation, pense aux choses à faire et à ne pas faire qui suivent :
À faire :
- Faire preuve de compassion
- Respecte ce que la personne te dit, même si tu ne le comprends pas.
- Reste émotionnellement neutre
- Écoute, même si cela te met mal à l’aise.
- Encourage-la à utiliser sa voix, plutôt que son corps, comme moyen d’expression.
- Encourage-la à demander des soins de santé mentale.
Ne faites pas :
- Les apitoyer sur leur sort
- Plaisanter à ce sujet
- Les culpabiliser sur la façon dont leurs actions affectent les autres
- Lui donner des ultimatums
- Lui rappeler de quoi il a l’air ou ce que les gens vont penser
- Faire des suppositions
Soutien continu
Après cette première conversation, il est important d’assurer un suivi avec la personne concernée pour lui montrer ton soutien continu. S’il n’a pas cherché à se faire soigner, il convient de continuer à lui poser des questions à ce sujet et de lui proposer de l’aider à trouver un professionnel de la santé mentale.
Tu peux aussi lui proposer de l’aider à identifier les éléments déclencheurs de son automutilation. tu peux le faire en posant des questions comme : « Que faisais-tu avant ? » « Y a-t-il quelque chose qui t’a contrarié ou stressé dans la journée ? ». Si une personne est plus consciente de ses déclencheurs, cela pourrait aider à prévenir l’automutilation future. Aider un être cher à trouver et à mettre en pratique des mécanismes d’adaptation plus sains est également une excellente façon de l’aider.
L’automutilation est un problème sérieux qui doit être abordé dès que vous en prenez conscience. N’oubliez pas que l’une des meilleures choses que tu peux inculquer à une personne qui s’automutile est que tu es là pour elle et que tu te soucies d’elle. Tu peux toujours être utile à quelqu’un, même si tu ne comprends pas ce qu’il vit.
Auteure : Luna Greenstein
Laura Greenstein est responsable de la communication à NAMI.
Cet article tiré du blogue de la National Alliance on Mental Illness (NAMI) et a été traduit par Jordan Bérubé.