
Au risque de révéler mon âge, je préface ce billet de blogue en disant : « dans mon temps, on ne faisait que se tenir ensemble ». On allait au centre commercial, on faisait du sport, on se réunissait chez les uns et les autres, et on ne rentrait à la maison que lorsqu’on n’avait plus le choix.
En tant que psychologue scolaire agréé, j’ai remarqué que l’expérience sociale des jeunes est différente aujourd’hui. Leurs connexions se font de plus en plus en ligne, et ils sont accaparés par les pressions académiques et familiales pendant leur temps libre limité.
Sans surprise, selon le CDC, environ 40 % des enfants et des adolescents connaissent des taux élevés de dépression et de tristesse. Plus inquiétant encore, environ 20 % des élèves du secondaire ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires.
Il est difficile de pointer du doigt un facteur spécifique pour expliquer cette augmentation, car il s’agit probablement d’une combinaison de facteurs psychosociaux et environnementaux : augmentation de l’utilisation des médias sociaux, arrivée d’une pandémie, exigences scolaires accrues, stress familial, etc. Cependant, beaucoup de ces facteurs sont difficiles à prévoir ou à contrôler. Un facteur que nous pouvons contrôler est la qualité et la quantité des liens de nos enfants avec leurs pairs.
L’importance des liens entre pairs
En regardant les enfants et les adolescents d’un point de vue évolutif, nous constatons que, pendant des milliers d’années, ils ont passé la majorité de leur temps libre avec leurs pairs. Nos cerveaux sont programmés pour dépendre de ces interactions pour notre bien-être mental général.
Même s’il peut être difficile de prioriser le temps social, je crois que les avantages l’emportent largement sur les inconvénients. De nombreux parents ont montré de l’appréhension à laisser leurs enfants faire des soirées pyjama, faire du vélo avec des amis ou rester dehors jusqu’à la tombée de la nuit en raison de leurs propres anxiétés; cependant, les données montrent que si les enfants savent comment éviter le danger et rester en sécurité, leurs risques diminuent considérablement.
D’autre part, certains enfants peuvent ne pas vouloir quitter le confort de leur chambre parce qu’ils préfèrent le confort de la technologie (TikTok, YouTube, Netflix et jeux vidéo) à leur disposition. C’est là que les parents doivent fixer des limites strictes et exiger que leurs enfants passent au moins un peu de temps non structuré en face à face avec leurs pairs. Voici quelques façons simples de promouvoir ces interactions :
- Utiliser le ratio un pour un : Si vous avez un enfant qui refuse de sortir ou de passer du temps avec ses pairs, utilisez le ratio une heure de temps avec les pairs égale une heure de temps technologique.
- Déterminer votre niveau de confort : Si vous êtes nerveux à l’idée que votre enfant fasse certaines activités avec ses pairs, trouvez des options avec lesquelles vous êtes à l’aise, comme inviter des amis chez vous, se rencontrer dans un parc/centre de trampoline/centre commercial ou rester à proximité quand vos enfants sont avec leurs pairs.
- Faire le premier pas : Pour certains enfants, initier ces interactions peut être difficile, alors aidez-les en faisant le premier pas. Cela peut commencer par des rencontres entre familles pendant qu’ils deviennent plus à l’aise.
- Encourager le temps structuré entre pairs : Tout temps que les enfants et les adolescents peuvent passer avec leurs pairs sera bénéfique (même si c’est difficile) car ils apprennent et créent des liens constamment d’une manière qu’ils ne peuvent pas faire en ligne. Pour les enfants plus âgés, vous pouvez exiger des emplois à temps partiel ou l’adhésion à des clubs et organisations scolaires. Pour les plus jeunes, cela peut prendre la forme de rencontres hebdomadaires avec d’autres enfants.
Les enfants et les adolescents ont besoin de connexions significatives dans leur vie. Pour y parvenir, ils ont besoin d’opportunités de rencontres en face à face avec leurs pairs dans des contextes non scolaires. De nombreux obstacles se dressent sur ce chemin – surcharge d’horaire, trop de devoirs/études, parents anxieux – mais cela doit devenir une priorité si nous voulons voir diminuer les taux de dépression chez les enfants et les adolescents.
Auteur : David Krasky
David Krasky est un psychologue scolaire agréé qui travaille principalement en pratique privée depuis 14 ans. Il a eu l’occasion de travailler directement avec des enfants, des adolescents et de jeunes adultes présentant des symptômes légers à sévères d’anxiété, de dépression, d’autisme et de TDAH. Il a lui-même vécu l’expérience de la maladie mentale; il vit avec un trouble panique et a connu des épisodes de stress post-traumatique et de dépression extrêmes.
Cet article tiré du blogue de la National Alliance on Mental Illness (NAMI) et a été traduit par Jordan Bérubé de Pro Ressources.